| 01 mai 2020 | par Caducee.net |
Médecins, pharmaciens, infirmiers, dentistes, kinés, pédicures-podologues et sages-femmes, l’ensemble des professionnels de santé a pu constater avec amertume et indignation que la grande distribution s’était procuré des centaines de millions de masques chirurgicaux pour les mettre en vente dès lundi 4 mai alors qu’eux-mêmes sont rationnés et sous-équipés depuis des semaines mettant ainsi leur vie en danger ainsi que celle de leurs proches et de leurs patients. Fait rarissime, tous les ordres nationaux de ces professions se sont fendus d’un communiqué commun, au vitriol, dans lequel ils manifestent leur dégout et leur consternation tout en dénonçant la grande distribution comme des « profiteurs de la guerre » sanitaire. Nous vous le livrons in extenso. Les masques tombent Notre pays connait une crise sanitaire sans précédent. Un état de guerre suivant les mots du Président de la République. Comme en 1870, il ne devait pas manquer un bouton de guêtre à nos combattants. On a vu ce qu’il en a été. Des soignants désemparés par le manque d’équipement de base et notamment les masques.
Nos soignants de la première ligne ont dû faire face à la pénurie. Une mobilisation générale a été organisée pour essayer d’améliorer la situation des personnes les plus exposées. Tous les professionnels de santé ont dû faire face à l’inquiétude. La leur, de devoir assurer leur mission, au nom de l’idéal de santé publique qu’ils défendent. Celle qu’ils ressentaient intensément pour leur entourage proche avec cette crainte permanente d’être porteur d’une contamination pour ceux qui leur sont chers. Et celles enfin de leurs patients à qui il a fallu expliquer sans relâche qu’on n’avait pas les moyens de les protéger comme il le faudrait, soit le contraire même de ce qui fonde nos métiers.
Courageusement, l’ensemble des professionnels de santé ont soutenu et assumé sans faiblir cette ligne. Oubliant les insultes, les procès en irresponsabilité ou incompétence, les vindictes anonymes ou peut-être pire encore, celles qui ne le sont pas, ils ont tenu la tranchée.
Aujourd’hui, la consternation s’allie au dégoût. Toute guerre a ses profiteurs. C’est malheureusement une loi intangible de nos conflits. Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution. Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens — dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes, mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence.
Nul n’aurait reproché à des circuits de distribution grand public de distribuer des masques grand public. C’était là un complément essentiel qui serait venu compléter utilement l’arsenal de défense contre le virus. Derrière le masque se trouve le vrai visage. Nous, nous garderons celui de la dignité. Celui-ci ne se retrouvera dans aucun rayonnage.
L’heure viendra, nous l’espérons, de rendre des comptes.
En attendant, nous allons poursuivre notre mission de professionnels de santé, car c’est notre engagement. Avec néanmoins l’amertume, de se dire que la responsabilité n’est pas la mieux partagée de toutes les vertus. Signataires : Patrick BOUET, Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins Anne-Marie CURAT, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Sages-Femmes Patrick CHAMBOREDON, Président du Conseil national de l’Ordre des Infirmiers Serge FOURNIER, Président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes Pascale MATHIEU, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes Eric PROU, Président du Conseil National de l’Ordre des pédicures-podologues Carine WOLF-THAL, Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens
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